Utilisation des orchidées :
filtres, potions, poisons…

Témoignages de la fin du XIXe siècle extraits du
"Livre des orchidées" par le Comte O. de Kerchove
de Denterghem, édité en 1894.

Fleurs, pseudo-bulbes (*), tiges, feuilles, sève des orchidées sont utilisés dans des remèdes indigènes…
(*) pseudo-bulbe : enflure qui ressemble à un bulbe, sans en être un et située à la base de la tige.

Philtres et décoctions :
Les fleurs des orchidées font l’admiration des peuplades indigènes. Les Dayaks (population malayo-polynésienne de Bornéo), mêlent des fleurs de Cœlogyne asperata au riz des semailles dans une cérémonie à caractère étrange.

Fabrication de poisons :
Les Indiens enduisent leurs flèches de la sève du Cyrtopodium dont le suc vénéneux sert à empoisonner.

Fabrication d’instruments de musique :
Les enfants du Honduras (Amérique centrale) utilisent les pseudo-bulbes creux en forme de cornes des Schomburgkia tibicinus comme trompettes.

Fabrication de colles fortes et autres produits :
Les Indiens du Pérou emploient les pseudo-bulbes des Cattleya et d’autres grandes orchidées pour fabriquer une colle forte. D’autres Indiens les écrasent et les mélangent avec de la chaux pour blanchir la façade et l’intérieur des maisons.
Une orchidée japonaise, Bletilla hyacinthina, fournit aux Japonais un ciment végétal employé pour fixer les silhouettes en fils métalliques qui forment sur les vases en cuivre les compartiments des émaux cloisonnés.

Remèdes aphrodisiaques…
Prise à haute dose, la vanille constitue un aphrodisiaque.
Les prêtresses thessaliennes (du nord de la Grèce) faisaient
des bulbes des Dioscorides et des Plines, des remèdes aphrodisiaques.
Quant aux bulbes d’Orchis, ils firent pendant le Moyen Age et
une partie des temps modernes, la base des filtres et remèdes aphrodisiaques.
Certaines femmes paysannes présentaient à leurs maris des bulbes gonflés d’Himantoglossum hircinum coupés en lamelles et frits avec des œufs pour augmenter leur virilité.

C’est dans l’alimentation et la médecine que l’homme a le plus exploité les orchidées.

Médecine…
Au Pérou, le Maxillaria bicolor, au Mexique, divers Lœlia sont recherchés en raison de leur liquide insipide, mais fébrifuge (contre la fièvre).
Le Blétia verecunda renferme un jus piquant et amer qui produit une certaine sensation de chaleur et favorise la digestion.
Les pseudo-bulbes du Lissochilus bouliawongo servent à fabriquer, au Gabon, une tisane contre les coliques.
A Saint-Domingue, une vanille, Vanilla claviculata, est appelée
" liane à blessure ", son suc sert à guérir les plaies récentes.

Cuisine…
Tout le monde connaît la vanille et l’usage délicieux qu’en font
les pâtissiers.
Les bulbes desséchés des Orchis, des Ophrys servaient à la préparation du salep (farine réalisée à base de bulbes et rhizomes séchés et broyés d'orchidées terrestres), aliment très reconstituant et facile à digérer. (…) Ces bulbes contenant une certaine quantité de fécule, le salep convient aux bouillies alimentaires. On obtient la poudre par la trituration des bulbes, macérés dans l’eau froide, pendant douze heures. En Orient et en Europe, le Salep pris seul, soit avec du chocolat, du lait ou du bouillon, sous la forme de poudre ou de gelée, est employé comme aliment pour combattre les effets de la diarrhée, de la dysenterie, des toux sèches et inflammatoires.